Ultimatum de Macron au Togo ? Analyse d’une vidéo virale
Allégation : Une vidéo virale prétend que le président français Emmanuel Macron a lancé un ultimatum à la transition togolaise, menaçant de fournir des armes à la population togolaise pour renverser le régime si ses exigences ne sont pas respectées.
Verdict : Faux, Le discours attribué à Emmanuel Macron est fabriqué et n’existe dans aucun enregistrement officiel.
Depuis quelques jours, le compte TikTok @noel.ativo, qui compte plus de 1 196 abonnés, a publié une vidéo devenue virale dans laquelle on entend un discours attribué au président français Emmanuel Macron. Cette vidéo prétend que celui-ci aurait lancé un ultimatum à la transition togolaise, menaçant de fournir des armes à la population togolaise pour renverser le régime si ses exigences ne sont pas respectées.
La gravité d’une telle allégation a rapidement suscité une large réaction sur la toile : plus de 68 700 vues, 1 357 partages, 324 commentaires et 2 736 mentions « j’aime » en seulement quelques jours.
Face à la prolifération de cette vidéo, notre site de recherche et de vérification des faits, AFRICHECK, a décidé de mener une investigation dans le but de démêler le vrai du faux.
Vérification des faits
Vérification de l’existence d’une suspension de certains médias français par le Togo

Le 16 juin 2025, la Haute Autorité de l’Audiovisuel et de la Communication (HAAC) du Togo a annoncé la suspension temporaire des diffusions des médias français d’État, Radio France Internationale (RFI) et France 24, sur le territoire togolais. Cette suspension, d’une durée de trois mois, est justifiée par la HAAC par des allégations de diffusion d’informations « inexactes » et « tendancieuses » susceptibles de « compromettre la stabilité des institutions républicaines ». La mesure est effective immédiatement à compter de la date de l’annonce.
La HAAC précise que la suspension prendra fin le 16 septembre 2025, sous réserve d’une réévaluation de la couverture médiatique de ces deux chaînes. Cette décision intervient dans un contexte politique sensible au Togo, marqué par des débats sur des réformes constitutionnelles. Cette mesure a suscité des réactions diverses, certains acteurs la considérant comme une action de régulation tandis que d’autres y voient une restriction de la liberté de la presse.
Existence d’une réaction d’Emmanuel Macron face à cette déclaration officielle
À ce jour, aucune déclaration officielle d’Emmanuel Macron, ni sous forme de discours ni par communiqué, n’a été rendue publique concernant la suspension des médias français RFI et France 24 par les autorités togolaises. Ni l’Élysée ni le ministère français des Affaires étrangères n’ont communiqué sur ce sujet sensible, malgré les nombreuses réactions suscitées au sein de la sphère médiatique.
En réaction à cette suspension, les directions de RFI et France 24 ont exprimé leur surprise, dénonçant une décision prise sans préavis. Ces deux médias ont réaffirmé leur attachement aux principes fondamentaux du journalisme, notamment l’impartialité, la rigueur et la vérification des faits. Des organisations comme Reporters sans frontières ont également pris position pour dénoncer une atteinte à la liberté de la presse.
L’analyse des réactions montre que seuls les médias concernés et les organisations de défense de la presse ont, jusqu’à présent, officiellement pris la parole. Aucune communication émanant du président Emmanuel Macron ne confirme les propos relayés dans une vidéo virale affirmant qu’il aurait menacé la transition togolaise de livrer des armes à la population. Cette vidéo ne repose sur aucune source vérifiée ni déclaration authentifiée à ce jour.
Analyse du contexte politico-diplomatique
D’après une analyse contextuelle, il apparaît que la déclaration attribuée à Emmanuel Macron, selon laquelle la France menacerait de fournir des armes à la population togolaise pour renverser le régime, est incohérente sur le plan diplomatique. En effet, face aux tensions politiques actuelles au Togo, la position officielle de la France reste fondée sur la promotion du dialogue, de la réconciliation et de la stabilité institutionnelle. Une telle incitation à la violence serait non seulement contraire aux principes de la diplomatie française, mais également incompatible avec les engagements internationaux de la France en matière de paix et de non-ingérence.
Par ailleurs, la suspension temporaire de France 24 et RFI décidée le 16 juin 2025 par la Haute Autorité de l’Audiovisuel et de la Communication (HAAC) repose sur des motifs clairement énoncés. La HAAC reproche à ces médias des manquements répétés à l’impartialité, à la rigueur journalistique et à la vérification des faits, justifiant une régulation provisoire de trois mois. Elle rappelle que le pluralisme des opinions ne doit pas justifier la diffusion d’informations inexactes ou partiales, et insiste sur le respect des lois en vigueur. Ainsi, cette régulation vise à rétablir un climat de confiance et de collaboration entre les parties concernées, à l’opposé de l’allégation infondée selon laquelle la France chercherait à armer le peuple togolais pour provoquer un changement de régime.
Analyse de la vidéo

La vérification de la vidéo à l’aide de l’outil Resemble.ai a permis de détecter qu’il s’agit d’un montage basé sur un clonage vocal avancé par intelligence artificielle. Ce type de manipulation est utilisé pour créer de fausses déclarations en imitant de manière convaincante la voix de personnalités publiques, dans le but de tromper la vigilance de la population. Dans le cas présent, la vidéo attribuant un discours menaçant à Emmanuel Macron est une fabrication technologique, et par conséquent, l’affirmation relayée est fausse.
Conclusion
L’analyse approfondie de la vidéo virale attribuant un ultimatum au président français Emmanuel Macron à l’encontre de la transition togolaise révèle une manipulation manifeste reposant sur un clonage vocal avancé par intelligence artificielle. Aucun élément officiel, ni déclaration publique ni enregistrement authentifié, ne vient corroborer les propos relayés. Par ailleurs, dans un contexte diplomatique tendu, la France privilégie une approche fondée sur le dialogue et la stabilité, ce qui rend toute menace de soutien armé à une population civile non seulement incohérente mais contraire à ses principes.
La suspension de France 24 et RFI au Togo, bien que controversée, s’inscrit dans une logique de régulation médiatique revendiquée par la HAAC, sans lien avec une quelconque ingérence étrangère. En somme, cette affaire illustre les dangers de la désinformation amplifiée par les réseaux sociaux et l’usage de technologies de synthèse vocale. Elle rappelle l’importance de la vérification des faits pour garantir une information fiable et préserver la cohésion sociale.