Tchad/Klessoum : une prison hors de contrôle
Trois cents téléphones, deux cent vingt-huit armes blanches, des drogues, des cartes SIM. Ce n’est plus une fouille, c’est une gifle à la République. Ce que la prison de Klessoum a révélé le 9 octobre, c’est l’effondrement silencieux de l’autorité publique au cœur même de la justice tchadienne.
Klessoum révèle la faillite d’un système carcéral à bout de souffle.
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Klessoum n’est plus une simple prison. Comment un lieu censé incarner la loi est-il devenu le symbole de son impuissance ? Comment, derrière des murs surveillés jour et nuit, un marché noir aussi florissant a-t-il pu se bâtir sans que personne ne voie rien ?
Système d’un contrôle en décomposition.
La responsabilité ne se limite pas aux détenus : elle remonte la chaîne, du gardien qui ferme les yeux jusqu’au décideur qui détourne le regard.À Klessoum, l’État s’est fait complice par son silence, par sa routine, par sa résignation.
Crime organisé à huis clos
Le procureur Moussa Abdelkerim Saleh s’est dit « indigné ». Il a raison de l’être. Mais l’indignation ne suffit plus.Ce qui a été découvert à Klessoum n’est pas un accident : c’est un système parallèle où tout s’achète, jusqu’au silence de ceux qui devraient protéger l’ordre.
Chaque objet saisi à Klessoum est une preuve d’un échec collectif, la honte d’un État qui n’a plus le contrôle de ses propres murs.
L’État doit agir.
Le Tchad ne peut pas bâtir une justice crédible sur des fondations pourries.Réformer les prisons, ce n’est pas seulement une question de sécurité : c’est une urgence morale, une question de dignité nationale.
Tant que derrière les murs de Klessoum la loi sera bafouée, c’est tout l’État qui restera prisonnier de sa propre impuissance.
L’État doit repenser sa politique pénitentiaire : une réforme en profondeur, une meilleure formation du personnel, un contrôle indépendant, des conditions de détention dignes et une réinsertion réelle.
HIGDE NDOUBA Martin