Non, cette vidéo ne montre pas une poursuite menée par une unité de la gendarmerie togolaise au centre-ville de Lomé
Allégation : Une vidéo virale diffusée sur les réseaux sociaux affirme que des unités de la gendarmerie togolaise pourchassent des manifestants au carrefour Déckon, en plein centre-ville de Lomé.
Verdict : Faux, La vidéo ne montre pas une intervention de la gendarmerie togolaise ; le véhicule visible n’est pas utilisé au Togo.
Depuis le 26 juin 2025, le compte X de Dany-Komla AYIDA a publié le tweet suivant :
« Au centre-ville de Lomé, carrefour Déckon, les forces de l’ordre et du désordre pourchassent des manifestants. #Togo »
Compte tenu de la nature sensible de la vidéo et du contexte actuel des manifestations au Togo, cette publication a rapidement suscité des réactions, totalisant en quelques heures 1 223 vues, 34 retweets et 21 mentions « J’aime ».
Face à cette prolifération rapide de l’information, notre site de recherche et de vérification des faits AFRICHECK a décidé de mener une recherche afin d’éclaircir la situation et de vérifier l’authenticité des images diffusées.
Vérification des faits
Analyse visuelle de la vidéo
En visionnant la vidéo diffusée sur X le 26 juin 2025, plusieurs éléments remettent en cause son authenticité géographique. En observant attentivement les bâtiments, les structures urbaines et l’aménagement des voies, il apparaît clairement que le lieu filmé ne correspond pas au centre-ville de Lomé.
Les constructions visibles dans la vidéo notamment l’architecture des immeubles, la largeur des routes et le type de mobilier urbain ne reflètent pas les caractéristiques connues de cette zone emblématique de la capitale togolaise.
Vérification de l’uniforme et du véhicule

En examinant de plus près la vidéo diffusée sur les réseaux sociaux, nous avons constaté que les véhicules utilisés dans la scène ne correspondent pas exactement à ceux employés par les forces de sécurité togolaises. À première vue, la couleur bleu foncé des véhicules peut prêter à confusion, car elle est similaire à celle utilisée par la gendarmerie du Togo. Toutefois, une analyse plus détaillée révèle des différences notables, notamment au niveau des insignes apposés sur les portières et de la configuration générale des véhicules.
L’un des éléments les plus frappants concerne la sirène montée sur le toit. Celle visible dans la vidéo ne correspond pas aux modèles utilisés par les véhicules d’intervention de l’USIG (Unité Spéciale d’Intervention de la Gendarmerie) au Togo. Cette incohérence, combinée à la divergence des insignes, suggère fortement que ces véhicules appartiennent à une autre force de sécurité d’un pays africain de la sous-région, probablement voisin.
Par conséquent, bien que des manifestations aient effectivement eu lieu au Togo ces derniers jours, l’image relayée dans cette vidéo est trompeuse. Elle ne montre pas une poursuite menée par les forces de l’ordre togolaises au centre-ville de Lomé, mais semble plutôt avoir été filmée dans un contexte géographique différent, avec des acteurs étrangers à la scène revendiquée.

Enquête spécifique sur le terrain
Afin de confirmer les recherches, nous nous sommes rendus sur le terrain pour recueillir des éléments concrets. Sur place, l’observation visuelle des lieux a permis de constater que les véhicules utilisés par la gendarmerie togolaise lors des récentes opérations étaient bien des pick-up de couleur bleu foncé, comme ceux habituellement employés. En revanche, aucun véhicule de l’Unité Spéciale d’Intervention de la Gendarmerie (USIG) — reconnaissable par ses caractéristiques spécifiques — n’était présent dans la zone concernée. Par ailleurs, plusieurs riverains interrogés ont affirmé ne pas avoir vu ce type de véhicule ni dans le quartier mentionné, ni dans les zones périphériques Mais plutôt celle de la gendarmerie en bleu foncé et celle de la BAC, la Brigade Anticriminelle, de couleur noire, mais pas cette dernière visualisée dans la vidéo.
En raison de ces constatations, la publication affirmant que des forces de l’ordre togolaises poursuivaient des civils à Lomé est trompeuse. Même si des manifestations ont bien eu lieu dans la capitale ces derniers jours, la vidéo en question ne reflète ni la réalité du terrain, ni le déploiement des unités concernées. Il s’agit donc d’un faux contexte, qui pourrait induire en erreur l’opinion publique sur la nature et l’ampleur des interventions sécuritaires en cours.
Origine de la vidéo

D’après nos recherches effectuées via l’outil Verify et InVID, nous avons constaté que cette vidéo a été prise avec un appareil amateur, puis réutilisée par un compte pour être republiée. Il s’agit d’un contenu non sourcé, dont l’origine reste anonyme et impossible à retracer. Réalisée sans encadrement professionnel, la vidéo ne fournit aucune information vérifiable concernant l’auteur, le lieu, la date ou le contexte du tournage. Dépourvue de métadonnées et de preuves concrètes, elle ne peut être authentifiée, ce qui la rend douteuse et potentiellement manipulatoire. Elle ne constitue donc pas une source crédible d’information.
Conclusion
Les vérifications menées ne permettent pas d’établir un lien entre cette vidéo et la ville de Lomé, ni avec la gendarmerie togolaise. L’origine du contenu reste inconnue. Plusieurs éléments recueillis lors des investigations indiquent que la scène présentée ne correspond pas au contexte sécuritaire local.
Les données disponibles montrent un contenu publié sans source identifiable, sans éléments techniques vérifiables, et sans ancrage géographique clair. L’écart entre ce qui est montré et ce qui a été constaté sur le terrain invite à conclure à un décalage significatif entre l’image diffusée et la réalité.