Présidentielle 2025 : Dologuelé veut redonner espoir à la Centrafrique
Coup de tonnerre dans le paysage politique centrafricain. Alors que le Bloc républicain pour la défense de la Constitution (BRDC) avait décidé de boycotter la présidentielle de décembre 2025, Anicet-Georges Dologuelé, chef de file de l’opposition et président de l’Union pour le renouveau centrafricain (URCA), a choisi une autre voie : celle de la participation. Investi officiellement par son parti lors d’un congrès extraordinaire à Bangui, l’ancien Premier ministre entend bien jouer sa carte, convaincu qu’il peut encore incarner l’alternative politique attendue par les Centrafricains.
Ce choix, qui rompt avec la stratégie unitaire du BRDC, redessine les lignes d’une opposition jusqu’ici figée dans la posture du boycott. En se lançant dans la course présidentielle, Dologuelé prend le risque de l’isolement politique, mais aussi celui assumé de réaffirmer son leadership. Une décision qui, au-delà de la polémique, relance le débat sur la meilleure manière de résister à un régime de plus en plus contesté.
Dologuelé, le pari solitaire d’un homme de conviction
« Je sais que je peux gagner. » Ces mots, prononcés devant des militants galvanisés, résument la posture de l’ancien Premier ministre. Pour Dologuelé, la politique n’est pas affaire de calculs d’appareils, mais de responsabilité envers le peuple. Face à un pouvoir jugé autoritaire et à une opposition divisée, il estime que la solution ne peut venir que des urnes. Son discours, empreint de réalisme et de défi, contraste avec la résignation d’une partie de la classe politique.
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Ce pari solitaire n’est pas sans conséquences. À peine sa candidature annoncée, l’URCA a été exclue du BRDC, la coalition d’opposition dont il était un pilier. Pour le parti, cette rupture n’est pas une trahison, mais un acte de souveraineté. « Il n’appartient pas au BRDC de décider si l’URCA va aux élections ou pas », a martelé son porte-parole, Yves Sanghamy. Une déclaration qui illustre la fracture stratégique entre les partisans de la confrontation institutionnelle et ceux du retrait militant.
Mais derrière cette décision, se profile une logique de survie politique : la loi sur les partis impose une participation électorale minimale, sous peine de dissolution. En se présentant, Dologuelé défend aussi l’existence légale de son parti. Une manière pragmatique de rester dans le jeu, tout en cherchant à peser sur la future recomposition du paysage politique.
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Une candidature qui rebat les cartes dans une élection sous tension
En brisant le front du boycott, Dologuelé vient bouleverser un équilibre fragile. Sa candidature redonne une légitimité électorale à l’opposition et pourrait attirer les électeurs désireux d’un changement par les urnes. Pour nombre d’observateurs, elle évite que le scrutin de décembre ne se transforme en plébiscite sans véritable alternative au président sortant, Faustin-Archange Touadéra.
Cependant, le contexte reste lourd d’incertitudes. L’environnement électoral centrafricain est marqué par la défiance, les soupçons de partialité institutionnelle et une insécurité persistante dans plusieurs régions du pays. Dans ce climat, la décision de Dologuelé peut être perçue à double tranchant : courage politique pour certains, naïveté stratégique pour d’autres.
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Sur le plan symbolique, comment concilier la résistance politique avec la participation démocratique dans un régime contesté ? En choisissant les urnes plutôt que la rue, Dologuelé tente de repositionner l’opposition comme force de proposition et non de réaction. Une stratégie risquée, mais qui pourrait à terme redéfinir le rapport entre pouvoir et contre-pouvoir en Centrafrique.
La candidature d’Anicet-Georges Dologuelé apparaît comme un tournant politique majeur pour la Centrafrique. En rompant avec le boycott du BRDC, il réintroduit l’idée d’une opposition de conviction, prête à se confronter démocratiquement au pouvoir. Mais ce choix audacieux le place aussi face à un double défi : regagner la confiance d’une population désabusée et prouver que l’alternance est encore possible dans les urnes. À quelques semaines de la clôture des dépôts de candidatures, l’annonce de Dologuelé change le ton de la campagne. Elle transforme une élection annoncée comme verrouillée en un scrutin désormais incertain. Dans un pays habitué aux fractures politiques, ce geste ravive un espoir : celui d’un débat démocratique réel, où la voix du peuple pourrait, enfin, retrouver sa place.
Tony A.