Non ! L’image montrant une femme avec des hématomes n’émane pas des contestations au Togo
Depuis quelques heures, circule abondamment sur les Réseaux sociaux, l’image d’une femme à qui il est attribué la nationalité togolaise et qui aurait subi des violences de la part d’homme en armes.
L’image ou du moins la personne qui y figure semble avoir subi de graves traumatismes corporels (probablement dus à des coups) infligés avec une rare violence. A cette image unique, le compte facebook Kodzo Mokpokpo Agbodjan crée le 22 Mai 2023 et qui serait celui d’un journaliste réalisateur associe quatre autres clichés publiés le 12 juin.
L’intéressé attribue ces exactions corporelles aux « gendarmes togolais ». A l’analyse, les vérifications faites sur ces images laissent place à un doute persistant quant à leur origine et véracité.
Etape 1
Vérification des images publiées par le compte facebook Kodzo Mokpokpo Agbodjan
Sur les cinq images publiées par ce compte, on se rend compte, à l’analyse, que la première est celle qui circule depuis peu sur les réseaux sociaux. Le reste des images présente une autre personne photographiée dans un cadre sombre sans aucune possibilité d’identité visuelle. Les autres éléments en présence sur l’image personne d’identifier le cadre (une chambre exiguë).
Sur les éléments de similitude entre ces images, il se dégage qu’elles n’appartiennent pas à la même personne et cela se dégage à la masse corporelle du sujet en présence. Le carrelage de l’espace de prise de vue n’est pas le même.
Les marques corporelles ne sont pas non plus pareilles. Mieux, l’auteur ne donne aucune précision sur le lieu de commission des exactions en dehors de la référence faite à la gendarmerie togolaise. On peut donc sur cette première analyse, conclure, en dehors des doutes sur la sincérité de cette publication, mettre en doute les intentions de l’auteur. D’ailleurs, l’analyse plus approfondie des publications faites habituellement sur cette page laissent voir des contenus d’une certaine gravité sans aucune preuve, bien souvent sur la base d’accusations.
Etape 2
Analyse de l’image de la dame au corps tuméfié par les gendarmes
Aucune information personnelle permettant d’identifier la victime ne se dégage de la photo. Il s’agit d’une photographie montrant le dos nu d’une personne en position penchée sur un lit. On observe aussi que le dos, les fesses et les cuisses présentent de larges hématomes (bleus, noires, violacées), signe de coups ou de violences physiques. Certains sont plus récents sont en rouge et d’autres plus anciens. Des pans de pansements au Sparadrap ont été appliqués sur certaines zones, notamment sur le côté droit du dos et vers la colonne vertébrale, suggérant des plaies ou blessures traitées.
Contrairement aux allégations qui attribuent cette image aux récentes manifestations au Togo, on se rend compte que la photo est présente sur un post Facebook datant de juillet 2019, partagé par un utilisateur nommé « Yao », avec le commentaire « Les forces de l’ordre du Togo voilà ce en quoi elles sont championnes ».
Etape 3
L’analyse de cette image par plusieurs outils de vérification d’images en ligne ne présente aucun résultat. Même si le post Facebook est de juillet 2019, cela ne garantit pas que la photo a été prise à cette date. Avec la recherche inversée, aucune information ne se dégage, mais il apparaît clairement qu’il ne s’agit pas d’une image générée par l’IA et aucun générateur d’image en ligne d’en détermine une source.
Il est d’autant plus difficile de lier cette image d’une part au Togo, et d’autre part, aux récentes manifestations dans le pays parce qu’aucun média n’en parle. Aucune vidéo même voilée de la victime n’est disponible. La gravité de la bastonnade subie par le sujet en présence aurait engagé des organisations de défense des droits de la personne humaine à une réaction. Mais à date, rien. Les recherches sur une possible utilisation antérieure ne dégagent rien non plus.
Africheck s’est également pourvu auprès de nombreuses sources togolaises qui, en dépit de leurs recherches, n’ont trouvé aucun indice permettant de retrouver un proche, parent ou ami de la victime.
Etape 4
Dans le même temps, aucune source scientifique, reportage ou étude spécifique ne fait explicitement référence à cette image ni à un cas individuel de blessure largement photographié. Il n’existe aucun autre cliché de la victime en dehors de cette seule image en circulation. Et même si ces types de blessures visibles (bleus, plaies) sont compatibles avec la violence policière, il n’existe aucune preuve précise (date, lieu, témoignage direct, média reconnu, hôpital local…), ce qui ne permet pas d’affirmer que cette photographie montre un cas concret de maltraitance par la gendarmerie ou la police togolaise.
Bilan actuel
Les recherches effectuées en vue de déterminer l’origine réelle de l’image, le contexte, et la véracité de l’accusation n’ont abouti à aucun élément probant. À ce stade, il est difficile d’établir une correspondance fiable sur une origine connue pour cette image.
En conclusion, on peut retenir que la photo est authentique quant au plan visuel (blessures visibles), mais son usage reste non vérifiable sans sources complémentaires. Elle pourrait être :
- Vraie et hors contexte
- Autre cas non lié au Togo
- Ou possible montage ou mise en scène
L’accusation associée reste non confirmée : l’image pourrait être utilisée hors contexte, sans preuve qu’elle remonte aux forces togolaises. Aucun contexte médiatique ne valide que ces blessures ont été perpétrées ou commises par des forces de l’ordre au Togo.
Par Africheck