N’Djamena dans le noir : quand les lampadaires deviennent décorations
À N’Djamena, il suffit de lever les yeux, la nuit tombée, pour constater le paradoxe sur plusieurs axes bitumés. Les lampadaires installés depuis des années sont comme des statues muettes, ils ne s’allument jamais plongeant certaines avenues dans l’obscurité inquiétante. Les piétons sont livrés à l’insécurité et les automobilistes contraints de circuler à l’aveugle.
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Des millions gaspillés dans l’obscurité.
Comment justifier que des millions de francs soient engloutis dans un projet censé améliorer la vie quotidienne, alors qu’il ne sert à rien ? Comment accepter qu’au lieu d’éclairer nos rues, ces lampadaires soient devenus le symbole d’un gaspillage organisé ? Faut-il rappeler que l’éclairage public est l’un des premiers services attendus par les habitants d’une capitale qui se veut moderne ? Tant que ces questions resteront sans réponse, les lampadaires publics continueront de briller dans le noir.
Nombre de citoyens dénoncent un gaspillage des ressources publiques. “On a vu les poteaux, les câbles, les promesses. Mais depuis, rien n’a changé”, regrette Hassan, un habitant du quartier Dembé dans la commune du 6e arrondissement.
Manque de suivi des autorités communales
Il ne s’agit pas d’un simple dysfonctionnement technique, c’est le reflet d’une politique publique sans suivi, où l’annonce remplace l’action, et où les infrastructures ne servent qu’à orner les rapports officiels. Derrière chaque lampadaire qui ne brille pas, il y a des millions gaspillés et une population trahie. Comment comprendre que N’Djamena, présentée comme la vitrine de l’Afrique, laisse pourtant ses citoyens avancer à tâtons chaque nuit, exposés aux agressions et aux accidents ? Pendant ce temps, ceux qui ont validé et financé ce projet dorment paisiblement, loin des réalités de l’insécurité.
Coupures d’électricité au quotidien.
La question n’est plus de dénoncer les délestages intempestifs, mais de savoir si les autorités ont encore la volonté d’assumer pleinement leurs responsabilités. Car y a une alternative simple d’alimenter ces lampadaires publics par les panneaux solaires sous la responsabilité des autorités de chaque commune. Éclairer nos rues, ce n’est pas un luxe, c’est une obligation. Et refuser de le faire, c’est condamner la ville à rester dans l’ombre au sens propre comme au figuré.
HIGDE NDOUBA Martin