Lomé : Cette vidéo virale du journaliste en pleine inondation est un montage
Depuis quelques heures, une vidéo postée par le compte @imag38 circule sur TikTok. On y voit un journaliste debout, micro en main, devant ce qui semble être une inondation dans une rue de Lomé. Un conducteur de taxi-moto traverse l’eau, mais perd l’équilibre et tombe. Le tout ressemble à un reportage « sur le terrain ». Pourtant, en y regardant de plus près, plusieurs éléments laissent penser qu’il ne s’agit pas d’un vrai direct.
La vidéo qui interroge
La scène est courte, de huit secondes. Le journaliste est probablement généré par l’IA et parfaitement cadré, debout, en train de parler au micro. Derrière lui, la rue inondée ne ressemble à aucune partie de Lomé et il n’existe réellement aucun décor géographique dans la ville comme présenté dans la vidéo. Également le journaliste est insensible devant la chute du conducteur de taxi-moto (une chute qui est d’ailleurs simulée) qui lutte pour passer à travers l’eau. Cette image a un effet réaliste qui a attiré des milliers de vues.
Pourtant, AFRICHECK a remarqué que quelque chose cloche dans cette vidéo. Le journaliste ne cligne jamais des yeux durant toute la durée, un détail inhabituel qui trahit une image figée ou retouchée et son regard ne suit jamais ce qui se passe autour de lui, notamment la chute du conducteur qui se déroule à quelques mètres derrière. Aussi l’image du journaliste est d’une netteté presque artificielle, contrastant avec l’arrière-plan, flou et peu naturel. À la fin de la vidéo, le journaliste reste complètement immobile, comme une statue, ce qui est très rare dans un reportage en direct.
Ces observations sont des indices qui invitent à remettre en question l’authenticité de cette vidéo.
Analyse technique : un montage vidéo sophistiqué
Vérification des faits
Pour mieux comprendre ce qui se passe, il faut s’intéresser aux techniques utilisées dans la vidéo.
L’utilisation probable d’un écran vert
Le procédé le plus probable est le recours à un fond vert, une technique très utilisée en production vidéo. Elle consiste à filmer une personne devant un fond d’une couleur unie (souvent verte), qui sera ensuite remplacée par une autre image ou vidéo en post-production. Cela permet d’insérer un présentateur dans un décor virtuel ou modifié.
Dans cette vidéo, le journaliste semble filmé en studio, dans un environnement contrôlé et éclairé de manière homogène. Le décor représentant une rue inondée paraît avoir été ajouté en post-production, avec une qualité d’image et un flou qui ne correspondent pas à une prise de vue réelle sur le terrain. Surtout, le journaliste ne réagit à aucun moment aux événements qui se déroulent derrière lui, ce qui renforce l’hypothèse d’un montage
Les effets d’image et de post-production
D’autres effets peuvent avoir été appliqués pour augmenter l’effet de réalisme : jeux d’ombres, lumière simulée, ajustement des couleurs… Par exemple, la légère différence de netteté entre le journaliste et le décor, ou le fait que certains mouvements d’arrière-plan ne correspondent pas aux lois naturelles (ombres, interactions avec l’eau).
Absence de sons ambiants crédibles
Un autre signe trahit la fiction : l’absence ou la mauvaise synchronisation des sons naturels (bruits d’eau, voix, moteur de moto). Un vrai reportage de terrain capture ces sons en direct, ce qui ajoute à l’authenticité.
Il est important de se poser la question du contexte et de la motivation derrière ce type de vidéos. Ce type de montage peut être utilisé pour manipuler l’opinion ou déformer la réalité, notamment sur des sujets sensibles comme les catastrophes naturelles.
Qu’en est-il de la situation réelle des inondations à Lomé ?
Pour replacer la vidéo dans son contexte, rappelons que Lomé, comme beaucoup de villes africaines, connaît régulièrement des épisodes d’inondations lors de fortes pluies. Ces phénomènes provoquent des perturbations importantes dans la circulation et peuvent mettre en danger les habitants. Les inondations sont un problème réel, bien documenté par les médias locaux et nationaux. La vidéo pourrait donner l’impression qu’il s’agit d’un reportage « en direct » d’une situation actuelle, ce qui peut être trompeur si la vidéo est en réalité une mise en scène.
Quels sont les risques liés à ce type de vidéos ?
La diffusion de vidéos truquées peut avoir des conséquences comme la perte de confiance dans les médias et l’amplification des rumeurs et des peurs surtout dans un contexte où les réseaux sociaux sont des sources majeures d’information pour beaucoup.
Conclusion : une mise en garde nécessaire
Cette vidéo virale, qui montre un journaliste en pleine inondation à Lomé, n’est pas un véritable reportage, mais un montage réalisé vraisemblablement à l’aide d’un fond vert. Le journaliste lui-même semble avoir été généré par l’intelligence artificielle. Si ce type de contenu peut prêter à sourire, il présente néanmoins un risque réel de confusion et de désinformation.