Justice alternative : Le Burkina Faso mise sur la conversion de peine
Une initiative visant à transformer les peines d’emprisonnement en Travaux d’intérêt général (TIG) gagne du terrain au Burkina Faso. Au moins 22 détenus ont déjà bénéficié de cette mesure de conversion de peine au sein des tribunaux de grande instance Ouaga 1 et Ouaga 2.
Cette mesure, visant à transformer les peines de prison en contributions directes au développement communautaire, est une initiative clé de la réforme judiciaire burkinabè.
Une mesure pour désengorger les prisons
L’annonce a été faite par Me Lassané Guelbéogo, juge d’application des peines au tribunal de grande instance Ouaga 1, le mercredi 25 juin 2025. Il s’est exprimé à l’occasion des 72 heures des Commissions d’application des peines (CAP), un événement qui se tient à la Maison d’Arrêt et de Correction de Ouagadougou du 25 au 27 juin 2025. Selon Me Guelbéogo, cette conversion de peine en TIG permet aux condamnés de participer activement au développement de la collectivité par leur travail.

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Une vague importante de détenus devrait également bénéficier de mesures similaires dans les jours à venir. Ces peines alternatives visent non seulement à réduire la population carcérale, dont la prise en charge coûte cher à l’État, mais aussi à favoriser la réinsertion sociale des individus.
La 4ème édition des 72 heures des CAP de Ouaga 1 et Ouaga 2 a pour thème « Mise en œuvre du travail d’intérêt général : Enjeux, défis et perspectives ». Cet événement est une plateforme pour discuter des modalités et des défis liés à l’application de la conversion de peine en TIG. Au programme de ces trois jours figurent des repas communautaires, la distribution de vêtements et de savon, des compétitions sportives et des panels de discussion, renforçant ainsi les liens entre les détenus et les acteurs de la justice.

L’humanisation de la détention, une priorité des CAP
Depuis trois ans, les commissions d’application des peines de Ouaga 1 et Ouaga 2 s’efforcent de donner un visage humain à la détention. Elles organisent régulièrement des repas communautaires pour les détenus et contribuent activement à l’entretien des lieux de détention par la désinfection des bâtiments et le curage des fosses septiques.
Au-delà de ces actions matérielles, les CAP s’engagent également dans la prise en charge des frais de santé de certains détenus et soutiennent ceux souffrant de maladies chroniques comme le diabète et l’hypertension. En collaboration avec des structures partenaires, les CAP organisent également des séances de sensibilisation, notamment sur les dangers des drogues, et facilitent le dépistage de maladies infectieuses telles que le VIH/SIDA, l’hépatite B et la tuberculose.

Ces initiatives montrent l’engagement continu des autorités judiciaires à améliorer les conditions de vie en détention et à accompagner les détenus vers une éventuelle conversion de peine et une meilleure réinsertion.
CAROL SAWADOGO
